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Hommages pour Daniel Balavoine




Florence Aboulker
Evidemment
Robert Bialek
Pierre Bonny
Fancis Cabrel

Parole de "Dormir debout"
Chanson de Francis Cabrel en hommage à Daniel Balavoine.

Olivier Chavarot
Philippe Constantin
Michel Denisot
Harlem Désir
Michel Drucker
Diane Dupuys
France Gall
Jean-Jacques Goldman
Chantal Goya
Johnny Hallyday
Claude Jarroir
Extrait de l'émission "Fréquenstar" du 24 janvier 1993 diffusée sur M6.
Marc Jolivet
Marc Lavoine
Catherine Lara chanson "I.E.O." (1988) dédiée à Daniel Balavoine.
Monique Le Marcis
Enrico Macias
Christine Ockrent
Lionel Rotcage
Yves Simon
Hervé Vilard



Florence Aboulker
Pendant de nombreuses années, la romancière Florence Aboulker a tenu un rôle de conseillère privilégiée auprès des stars modernes du show-business. Un jour, dans les choeurs de Patrick Juvet, elle remarque un garçon plein de tonus, de vitalité et de joie de vivre, c'est Daniel Balavoine.
Il a 20 ans. Elle l'encourage à se lancer dans la chanson et parraine ses débuts.
Entre eux naît une amitié vraie qui ne prendra jamais fin.


France Gall:
Extraits de l'émission "Nostalgie"
consacrée à Daniel Balavoine, présentée par Michel Denisot et diffusée sur TF1 le 16 janvier 1988.


Yves Simon:

Hommages parus dans "Paroles et musique" N°25 de janvier 1990.
"...Daniel a mis énormément de temps à résoudre son problème de conscience par rapport à l'argent qu'il gagnait. Il en parlait souvent dans ses interviews. Il m'arrivait de l'appeler pour lui dire d'arrêter d'argent car ça en devenait indécent : "Il y a des milliers de gens qui t'aiment bien et qui n'ont pas d'argent, et toi, tu parles des problèmes que tu as parce que tu gagnes trop. Je trouve ça décalé. Essaie de résoudre ce problème sans en parler.". J'avais vécu le même trouble quelques années auparavant. Ca me gênait de gagner en une soirée ce que mon père gagnait en un an. Daniel, qui était quelqu'un de très sensible, se posait beaucoup de questions à ce sujet. "Le chanteur" reste l'une des chansons que je préfère. Ce n'est pas du tout un pastiche sur le métier. Il faut prendre les paroles au premier degré. J'ai vécu l'expérience du "Chanteur" qui, à un certain moment, par hasard, devient vedette, qui reçoit un courrier de ministre, devient l'amant, le banquier, le frère, le père, pour une foule de gens. A cause de mon expérience personnelle, cette chanson m'avait énormément touché. Daniel avait tapé juste...".


Hommages parus dans Télé-Star, début 1986, dans un article de Pierre Chatenier.

Michel Denisot: C'est la première fois que la mort d'un artiste me touche profondément. C'est à Biarritz, au tout début de cette année, que j'ai mieux compris et apprécié qui il était. On s'est rencontrés par hasard, nous étions l'un et l'autre en famille.
Si vous allez à Biarritz, même aujourd'hui, vous comprendrez mieux Daniel; regardez la nature, elle y est tourmentée, généreuse, brutale, en lutte. C'est la nature de Balavoine. Allez vous asseoir sur une falaise, regardez les rouleaux qui s'éclatent et mettez votre Walkman à fond... "L'Aziza" est encore plus belle.


Enrico Macias:Il avait fait sa première grande émission de télévision avec moi. Je me souviens avoir été très impressionné par sa voix avec la chanson "Lady Marlène".
La suite a montré qu'il était un remarquable auteur compositeur et un fantastique musicien. Il avait un style à lui, et il était un chef de file pour toute une nouvelle génération. Il n'est pas mort que pour l'aventure. Il est mort pour ses idées généreuses, son combat contre la faim dans le monde. C'est un martyr de la paix qui nous a quitté.


Diane Dupuys, chanteuse et choriste de Daniel Balavoine pour "L'Aziza", lui rend hommage à travers une chanson dont voici le texte :
"Sortiras-tu vivant de cet enfer blanc ?
Déjà ta voix touche les étoiles tout le temps
Même si on ne crois pas en Dieu
On lève les yeux.

Oh Lord ! Give us back this man and the justice (bis)
On imagine dans tes rêves
Les montagnes que tu soulèves
Et si on ne croit pas en Dieu
On lève les yeux.

Abandonnée au milieu des larmes
J'attendrai que le temps nous désarme
Comme une peine à l'orée du désert..."


Johnny Hallyday:
(propos recueillis par Julien Lepers lors d'une émission "Challenger" sur R.T.L.)
Il m'a écrit une chanson : "Je ne suis pas un héros", il y a 6 ans. J'ai trouvé que c'était un beau texte. Je l'ai chanté. Je crois que c'était un grand compositeur, un vrai musicien qui recherchait toujours des sons nouveaux. Mais c'était aussi un homme qui avait du coeur, qui s'intéressait avec passion à tous les problèmes de la faim, de la pauvreté, des injustices dans notre monde.
Dans notre cercle des chanteurs, on l'appelait "le gamin boudeur". Je veux garder cette image.
Ce qu'il y a de plus triste, c'est que sa femme attend un bébé et que l'enfant ne connaîtra pas le papa, le grand, qu'il avait.


Hervé Vilard: Quand un chanteur s'en va trop longtemps, le public attend, espère, pose la question... "qu'est-il devenu ?". Lorsqu'il revient, sa voix est un besoin quotidien et sa personnalité nous est familière. La mort est ridicule, mais Daniel Balavoine nous laisse sa gloire au fond du coeur et le souvenir de la générosité intelligente."


Jean-Jacques Goldman

Jean-Jacques Goldman: L'essentiel, c'était pour lui de convaincre et d'être aimé. Il se sentait concerné par tout ce qui lui semblait la moindre injustice, n'importe où dans le monde.
Toutes ses chansons sont engagées pour une idée, pour un cri. Daniel était l'un des chanteurs qui avait le plus de potentiel. Il piaffait d'impatience pour son spectacle au Palais des Sports à la rentrée prochaine, et il voulait retrouver un groupe, comme à l'époque où je l'avais connu où il était membre de "Présence".


Chantal Goya: Daniel Balavoine était un grand artiste et son talent vivra longtemps dans le coeur du public. Mais Daniel, c'était aussi pour moi, quelqu'un qui allait au bout de ses idées avec enthousiasme, avec générosité, sans gêne et sans peur. Sensible, généreux, il n'a jamais craint de heurter les hypocrites, les opportunistes et les lâches. Son monde à lui ne s'arrêtait pas à l'horizon du métier de chanteur. Il savait que chaque être sur terre se devait à ses semblables, à ceux qui souffrent, à ceux qui ont faim, à ceux qui meurent de soif.
C'est pour cela que j'aimais bien Daniel Balavoine. Parce qu'il était un homme de coeur et qu'il avait une âme d'enfant qui découvre chaque jour les injustices de notre société.


Marc Jolivet
Hommage de Marc Jolivet tiré du magazine "Platine" n°62 (Juin-Juillet et Août 1999).
Ces propos ont été recueillis pour une émission réalisée par Guy Job intitulée "Le temps d'une chanson" qui sera diffusée au cours de l'été 1999.
"... Balavoine était un homme sincère : quand je suis tombé dans le trou pendant 10 ans, il m'a sauvé... Ensemble, sur scène, on a réussi à faire pleurer et partir un animateur suisse... Deux jours avant que Daniel ne parte, on avait décidé de monter en comédie musicale "Simon et Gunther". S'il avait vécu, Daniel aurait voté Cohn-Bendit..."

Hommages parus dans "Paroles et musique" N°25 de janvier 1990. "... Le phénomène médiatique,les journaux qui s'arrachent des bribes de témoignages des parents, des amis, au moment de la mort d'une star, est passionnant comme le spectacle que donnent les vautours qui se disputent un animal mort et encore chaud. J'ai essayé d'écrire sur le sujet mais je n'ai pas réussi, par pudeur, peut-être. Quand Daniel, qui était mon pote, est mort, je suis resté terré chez moi pendant des semaines parce que j'avais peur. J'avais peur qu'on me demande de réagir, de faire quelque chose. Heureusement, on m'a foutu une paix royale. Pour une fois, j'étais très content de ne pas être une star à qui l'on demande de parler d'une star...".



Hommage de Monique Le Marcis à Daniel Balavoine pour son disque "L'aziza".
Cet hommage est extrait de la "Collection Dossier" du "Nouvel Observateur" intitulée "40 ans de 45 tours" (N°4 de Janvier 1991).
Monique Le Marcis a été, pendant de nombreuses années, Directrice de la programmation à R.T.L.
Elle est à l'origine de la découverte des plus grandes vedettes françaises d'aujourd'hui et de leur promotion.

Daniel Bataille, Daniel Prophète, Daniel Visionnaire, Daniel Tendresse, Daniel dont les mots sont toujours des cris, des S.O.S. N'est-ce pas lui qui criait à François Mitterand en 1980 : "Beaucoup de jeunes sont désespérés - le désepoir est mobilisateur, à ce moment là, il devient dangereux " !.
"Tombé pour l'amour" parce que quelque part "un enfant assis attend la pluie". Quelque mois plus tôt, ce sont les yeux d'une petite fille de Marrakech qui lui inspirait les mots de cette chanson. "L'Aziza", la femme chérie, message d'amour pour sa femme.
Fascination de Daniel sur le fait que l'on puisse être juive marocaine - appel non pas contre le racisme mais pour la tolérance religieuse, pour le rapprochement des races.
Daniel qui se dresse contre les murailles qui séparent les familles, les peuples. Depuis "Les aventure de Simon et Gunther" séparés à Berlin l'un de ses premiers albums) jusqu'à "Sauver l'amour" (son dernier album) pour lequel il me déclarait subitement alors que je le découvrais près de lui : "Monique, j'aimerais que ce soit le dernier...".
L'amour, unique carburant de ses colères. Symbolique, significatif, pendant que Daniel concrétisait cet album, un autre engrenage s'enclenchait : Paris-Dakar, Bob Geldorf, Live Aid, La Courneuve, Action Ecole, livraison des pompes à eau, le ciel... Qui d'autre ?.
Pour Daniel, pour elle, il est bien que, de son dernier album, reste ce disque, cette chanson, "L'Aziza". Née des yeux d'une petite fille pour les yeux d'une femme que l'on retrouve aujourd'hui dans les yeux d'une autre petite fille.

En janvier 1990, dans le numéro 25 de "Paroles et Musique" consacré à Daniel, Monique Le Marcis s'exprimait ainsi :
"...Au moment de chaque rentrée, il me manque l'album de Balavoine. Il y a Souchon, Goldman, Cabrel et quelques autres et un absent. C'est pesant. Nous avons fait beaucoup d'émissions ensemble. A titre d'anecdote, c'était lui et Michel Berger qui avaient présenté dans la "Nouvelle Affiche" (émission de télé qui lançait de jeunes chanteurs), un chanteur encore méconnu qui s'appelait Jean-Jacques Goldman...".


Francis Cabrel

Interview de Thierry Séchan et Marc robine
magazine "Paroles et Musiques", N°21 septembre 1989.
Interview de Bernard Maryse
magazine "Paroles et Musiques", janvier 1990. Francis Cabrel confiait son sentiment vis-à-vis de Daniel Balavoine.


Interview réalisée par Thierry Séchan (le frère de Renaud) et Marc Robine pour le magazine "Paroles et Musique" (N°21 de septembre 1989)

Interviewer: Au milieu de toutes ces préoccupations, vous dédiez une chanson de votre dernier disque à Daniel Balavoine ("Dormir debout").
Quels étaient vos rapports avec lui ?.

Francis Cabrel: Je ne l'ai croisé que 4 ou 5 fois dans ma vie. Ce n'était pas quelqu'un que je côtoyais beaucoup. Mais, par contre, la dernière fois qu'on s'est vus, c'était au Palais des Congrés. Il faisait son album, et moi, je faisait le mien dans le studio adjacent. On a discuté, et il m'a filé des coups de main... Il était en train de faire son plus bel album. Déjà, je l'aimais beaucoup ; mais avec cet album là...

I.: Et Paris-Dakar, ça ne vous gênait pas ?.

F.C.: Si, Paris-Dakar, ça m'a toujours gonflé.

I.: Vous en avez parlé ?.

F.C.: Je ne me souviens pas. Mais je sais qu'il avait une action humanitaire en parallèle. Il distribuait des motopompes. C'est vrai que, moi...ça me gêne...ce rallye...au milieu des gens qui crèvent ; ces camions pleins de petits déjeuners qui traversent le désert. Ca m'a toujours heurté. Mais lui, il avait libéré sa conscience en distribuant des motopompes ; et je trouve que c'était une bonne idée.

I.: Encore le "charity business" ?.

F.C.: C'est vrai qu'il y a des gens qui font leur promotion sur l'Afrique, oui. Mais Balavoine m'intéressait parce que c'était un créatif. Quelqu'un qui se remettait plus ou moins en question à chaque album. Il avait une inventivité extraordinaire. C'était un chanteur installé, il aurait pu se laisser aller à la facilité ; et pourtant, il n'a pas fait des choses si faciles que ça. Il était courageux, dans sa carrière comme dans la vie. C'est le mec qu'il nous faudrait aujourd'hui, parce que c'était un meneur. Comme Coluche. Malheureusement, ils ne sont plus là, ni l'un, ni l'autre.
Mais pour en revenir à cette chanson, c'est juste un hommage sympa et pas trop larmoyant. Je ne voulais pas faire dans le genre "...il n'est plus là...". Il aimait la musique qui bouge, alors, j'ai fait une chanson qui bouge. Un petit clin d'oeil, quoi...



En janvier 1990, dans le magazine "Paroles et Musique", Francis Cabrel confiait à Bernard Maryse son sentiment vis-à-vis de Daniel Balavoine.

"...J'étais chanteur de bal. Lui, il avait déjà sorti un album en 1975, "De vous à elle en passant par moi". Il y avait une chanson, "Couleurs d'automne", que j'adorais et que je chantais dans les soirées. Je ramais parce que ça montait très haut ! . Ensuite, il avait fait "Vienne la pluie" en pleine période de sécheresse - l'été 1976 - que j'ai mis à mon répertoire. Avant même de le connaître, je l'aimais bien. Et quand j'ai fait mon premier album en 1977, la FNAC, rue de Rennes, organisait des rencontres entre de jeunes chanteurs et le public. On pouvait inviter quelqu'un. Moi, j'avais dit : "J'aimerais bien que Daniel Balavoine soit là.". A mon grand étonnement, il est venu. Il ne m'avait jamais vu ni entendu. Par la suite, on s'est croisé plusieurs fois, mais toujours trop rapidement. J'aurais aimais le voir davantage, mais bon... La fois où nous avons pu nous rencontrer plus longuement, c'était au Palais des Congrés. Il enregistrait "Sauver l'amour" au Studio A, et moi, "Photos de voyage", dans celui du fond. J'avais un mal de gorge fou, et il m'a filé plein de médicaments qu'il avait dans un mallette à pharmacie. C'était un grand bavard, nous avons bien rigolé...
Mon admiration pour Daniel Balavoine a connu une évolution croissante. C'est pourquoi j'ai ressenti le besoin, dans mon dernier album, de lui dédier une chanson, "Dormir debout". La façon dont il a disparu subitement et cruellement pour tous les gens qui l'aimaient, l'énorme trou que ça laisse dans le paysage musical français, c'est comme si on perdait Jonasz dans un catastrophe. Il y a une dizaine de gens comme ça qui sont primordiaux. Balavoine était l'un des plus représentatifs de par son don d'invention et les risques qu'il a pris, tant dans son discours que dans sa musique. C'est comme quand on a perdu Jimi Hendrix quand j'avais 17 ans. Il te manque quelqu'un... J'imagine ce que Daniel aurait fait aujourd'hui. Il atteignait sa pleine maturité avec le temps et la sérénité. tout d'un coup, ça l'a fauché...
J'aimais ses coups de gueule. Avec lui et Coluche, les jeunes avaient des mecs qui étaient intelligents, incisifs, moqueurs, insolents... Depuis qu'ils ont disparu, le discours politique n'a plus à se méfier de la satire que faisait Coluche, ni de l'analyse froide et déterminée de Balavoine. C'était vraiment deux points de feu que les politiciens pouvaient craindre. Aujourd'hui, ils ont l'âme plus tranquille pour balancer leurs conneries. Moi, je ne suis pas assez sûr de moi pour les remplacer en quoi que ce soit. Quand je suis devant un micro, je n'ai qu'une envie, c'est de disparaître dans un trou de souris. Renaud, il ne sait pas trop non plus. Goldman, c'est le mec discret aussi. Il ne reste plus que des mecs discrets. Alors qu'il faudrait malgré tout, quelqu'un qui monte au créneau..."

Pierre Bonny (ami suisse de Balavoine et parrain de son fils Jérémy):
Hommages parus dans "Paroles et musique" N°25 de janvier 1990.
"... A Genève, Daniel était beaucoup plus détendu qu'à Paris. Les fans ne le harcelaient pas. Il aimait bien y séjourner avant un grand concert. Nous allions parfois en boite de nuit, au Griffin's Club, ce qu'il n'aurait jamais fait à Paris. Nous discutions tranquillement. Nous buvions aussi... Un soir, nous étions un peu ronds. J'étais au volant de ma voiture - une Rolls Royce Silver Shadow gris-bleu métallisé - et Daniel à mes côtés me disait : "Allez, sois un peu rock ! Fous la en l'air ta Rolls ! Casse la !". Voyant que décidément je restais raisonnable malgré les whiskys consommés, il remarqua : "Y'a rien à faire, tu es vraiment trop suisse !"...".


Harlem Désir (ancien président de "SOS Racisme"):
Hommages parus dans "Paroles et musique" N°25 de janvier 1990.
"... Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises au cours de manifestations de SOS Racisme. J'ai appris qu'il se battait à nos côtés par le comité de Colombes dans les Hauts-de-Seine. Il était adhérent anonyme, participait aux réunions locales, collait des affiches. C'était le militant de base. Il y avait un décalage assez déroutant entre la personnalité qu'il était, sa notoriété, et son engagement discret et modeste sur le terrain. En décembre 1985, nous avons crée le "Prix de la langue verte", destiné à récompenser un artiste dont l'oeuvre illustrait un peu nos idées. Et la première année, nous avons voulu remercier l'auteur de l' "Aziza" lors d'un rassemblement au Bourget. Il est venu et n'a pas chanté. Son désir était de rester discret, et, surtout, il ne voulait pas donner l'impression qu'il avait écrit ces paroles pour qu'on lui tresse des lauriers de chantre humanitaire... ".


Olivier Chavarot (réalisateur du clip "L'Aziza") :
Hommages parus dans "Paroles et musique" N°25 de janvier 1990.
"...A un festival à Alger, je parlais de Daniel avec Laurent Voulzy. Il me disait : "Je trouve que dans le clip il y a comme des signes avant-coureurs de sa proche destinée : la guitare qui monte au ciel, le petit paradis terrestre dans lequel se trouve Daniel et l'aziza au milieu des enfants.". Des extrapolations, peut-être... Daniel, c'est quelqu'un qui m'a beaucoup manqué par la suite. Je trouve d'ailleurs cette mort complètement inadmissible. Je ne sais pas à qui m'en prendre. Que des gars comme Coluche et Balavoine disparaissent alors que, merde, il reste tous les autres pour continuer à nous casser la vie !!!. Je suis violemment anti-Le Pen et c'était une des raisons pour lesquelles j'étais très heureux de travailler avec lui. Dix jours de tournage inoubliables !...".


Philippe Constantin (devient Directeur Artistique chez Barclay en 1985, année où Léo Missir, lui, quitte la maison de disque) :
Hommages parus dans "Paroles et musique" N°25 de janvier 1990.
"... Avec "Sauver l'amour", on a explosé les ventes des précédents disques de Balavoine. Il n'y avait rien à jeter dans cet album. C'était hyper-moderne dans l'écriture, la réalisation, les arrangements, d'une beauté !. Fin Décembre, nous étions ivres de joie. "L'Aziza" escaladait les charts. Daniel m'appelle pour m'annoncer qu'il ne fait pas le Paris-Dakar, mais qu'il part pour servir de caution humanitaire à son pote, Thierry Sabine. La dernière fois que je l'ai vu - peu avant son départ -, il m'a dit : "C'est un bordel !. Je me rends compte que je sers de fantoche à Thierry. C'est mal organisé. Il devait y avoir 100 pompes, il n'y en a que 60... Il devait y avoir des camions, des hélicos, y'en a pas !. La galère... J'y vais quand même parce que je dois le faire, mais ce n'est pas de gaieté de coeur...". Moi, j'étais parti me reposer 8 jours au fin fond de la Suisse dans un chalet. Un matin, je me réveille vers 9 heures, j'allume la radio et j'entends "L'Aziza". Je me dis : "Super, ça marche du tonnerre !". Sur ce, coup de fil de Paris : "Il est arrivé un truc grave à Balavoine. - Qu'est-ce qu'il veut encore ?. Modifier la pochette de son disque ? -. Non, il est mort dans un accident d'hélicoptère..."
Evidemment, je suis rentré. Le voyage était long, j'ai eu le temps de cogiter. Je me rappelle ce qu'il disait sur l'organisation. De Zurich, juste avant de prendre l'avion, j'ai téléphoné à mon bureau : "Je vais faire une Commission d'Enquête !. Sabine, il va vraiment regretter d'avoir entraîné Daniel dans ce merdier !". C'est là qu'on m'a expliqué qu'il était également parmi les victimes de cet accident. A Paris, on a tenu une cellule de crise pour savoir quelle attitude adopter. Il y a eu toutes les pressions que vous pouvez imaginer pour changer de pochette, entourer sa photo d'un cadre noir (cette idée est venue de la périphérie de Barclay. Il y a eu des controverses du type : "On arrête de vendre, on ne va pas jouer les nécrophages !". J'ai dit : "C'est stupide !. Nous sommes les dépositaires de son discours et de son oeuvre. Notre métier, c'est de le populariser. Nous allons continuer comme s'il ne s'était rien passé...".


Hommage de Catherine Lara à travers sa chanson "I.E.O." (1988) dédiée à Daniel Balavoine.

I.E.O.

Oh !
Traverser le désert, porter de l'eau,
Tu l'as fait pour tes frères, Dieu que c'est beau.
Tu offrais tes colères comme un cadeau.
D'autres voulaient se taire, tu parlais haut
Simplement,
Comme un enfant,
Qui voyait grand.

I.E.O., I.E.O....

Oh !
T'as joué les batailles avec des mots.
Sincère comme un éclair, comme un écho.
Lueurs dans l'univers, cailloux dans l'eau.
T'as laissé une entaille dans mon piano
Simplement,
Comme un enfant,
Qui voyait grand.

I.E.O., I.E.O....

Oh !
La veuve qui s'éveille a les yeux lourds.
Elle va de face amère en face amour.
Le voyage est trop long, le temps si court,
Un jour il faudra bien sauver l'amour.
Simplement.
Comme un enfant.
Qui voyait grand.

I.E.O., I.E.O....



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Claude Jarroir

Extrait de l'émission "Fréquenstar" du 24 janvier 1993 diffusée sur M6.
Il s'agit d'un entretien entre Laurent Boyer et Claude Jarroir, co-organisateur avec Robert Bialek des spectacles de Daniel Balavoine.
C'est le contexte des spectacles qui est ici expliqué.

Laurent Boyer : Pour parler des spectacles, pour parler du Daniel Balavoine en scène, le Daniel Balavoine "chanteur", les dessous du métier en fait, Claude Jarroir est venu nous retrouver.
Claude Jarroir est un producteur-manager-agent de spectacle et entre autre producteur de Daniel Balavoine sur tout ses spectacles.

Claude Jarroir : Avec Robert Bialek...

L. B. : Avec Robert Bialek, bien sûr. Merci d'être avec nous Claude. Alors, je parlais à l'instant des spectacles de Daniel Balavoine en scène. C'est vrai que le théâtre Sébastopol en 1979, c'était vraiment les prémices du début...

C. J. : Ah oui, tout à fait. C'était le premier...

L. B. : L'Olympia de 80, c'était à l'époque du film avec les frères Jolivet. Bon, là, il y a 3 dates mais il y a, je crois, un succès d'estime.

C. J. : Oui, ça s'est bien passé disons...

L. B. : Et, du 5 mai au 10 mai 81, là par contre, avec cet Olympia...

C. J. : C'était la véritable naissance du Daniel qu'on connaît.

L. B. : Du grand Daniel Balavoine...

C. J. : Du grand Daniel de scène...

L. B. : Daniel part en tournée. Je présume qu'il y a quelques dates, qu'il est demandé partout. Il s'ballade en province.

C. J. : Oui, quelques dates en 80.

L. B. : Alors, c'était quoi l'humeur de Daniel Balavoine en tournée, raconte-moi ?.

C. J. : On peut tout dire ?.

L. B. : Allez, on y va !.

C. J. : Ca se passait bien. D'abord, il y avait une atmosphère qui était très conviviale parce que tout le monde voyageait dans le même bus.

L. B. : Ah !!. Ca faisait partie du côté communautaire ?.

C. J. : Voilà, c'est ça. On avait loué un bus pour la musique, pour Andy Scott qui était l'ingénieur du son, qui voyageait avec nous. Et Daniel participait toujours à ces voyages là.

L. B. : Très important Andy Scott pour Daniel Balavoine, je crois ?.

C. J. : Ah oui !. Absolument. Et sur disque et sur scène.

L. B. : Donc, c'était quoi l'ambiance dans le car ?.

C. J. : Je me souviens que dans le car on jouait tous à un jeu dont je ne me souviens plus les règles, qui était le 8 1/2. Et on passait notre temps à ça.

L. B. : C'était jeu de cartes.

C. J. : Jeu de cartes et quand on en avait marre, on discutait d'autres choses. Des fois avec Daniel on parlait tous les deux. On se mettait un petit peu en retrait du car. Puis on parlait un petit peu des concerts. Comment ça se passait. Comment ça pouvait se passer. Les choses à améliorer, etc.

L. B. : Est-ce qu'il te demandait conseil ?.

C. J. : Oui. Il avait cette chose formidable qu'il savait exactement ce qu'il allait faire, mais enfin il demandait quand même conseil, sachant qu'il ne tiendrait compte que de son avis. Enfin, à 90% des cas. Mais enfin ça fait partie de ce côté mauvaise foi sympathique qu'il avait.

(...)
L. B. : Entre "Un autre monde" et l'album qui va suivre, est-ce que l'état d'esprit de Daniel va changer ?.On sait qu'il a suivi ce qui s'est passé le 10 mai 81, avec l'élection de François Mitterrand, dont il était proche. Est-ce que Daniel a une autre optique dans ces années 80 pour l'album en préparation ?.

C. J. : Dans son truc de musique, lui, il a toujours voulu aller plus loin dans toutes les expériences. C'est le premier à avoir acheté un Fairlight et avoir composé dessus. Techniquement parlant, il voulait toujours les choses les plus modernes, les plus performantes. C'est pour ça qu'on a eu les premiers Télescans, qui n'en étaient pas à l'époque.

L. B. : Toujours à la pointe ?.

C. J. : Oui, toujours à la pointe. Toujours le meilleur de ce qu'il y a.

(...)
L. B. : Claude, en tant que producteur, tu as toujours suivi un petit peu ce qui se passait dans la salle. Quel était le public de Daniel justement, entre 1982, Le Palais des Sports, avec cet album qui va arriver, "Vendeurs de Larmes". Comment était le public de Daniel ?.

C. J. : Le public était assez large. C'était 15-25 ans. Très large. Avec des goûts différents. Dans tout ses disques on trouvait des influences différentes, des travaux de musiques différents. Chacun pouvait y piocher ce qu'il voulait ce qui rendait le public assez large. Il s'est élargi, en plus, par la suite, avec des musiques beaucoup plus sophistiquées, plus rock.

L. B. : Il y avait une identification, probablement, quand il interprète "Le chanteur", ça devait faire un carton sur scène ?.

C. J. : Oui. Parce que ça avait été un énorme succès. Ca avait été son premier très gros succès. C'était la chanson dont il ne pouvait se passer, se déparer.

L. B. : Alors "Vendeur de Larmes" va arriver, album qui va amener le premier Palais des Sports, qui va être complet d'ailleurs. Et là vous faites un sacré pari avec ce Palais des Sports, Bialek, toi, et Daniel Balavoine.

C. J. : Oui. Comme je te disais tout à l'heure, au sortir de l'Olympia de 1981 on fait le pari de faire 5 jours au Palais des Sports, un an après. On se met tout de suite à travailler dessus. Et on apprend, peut-être un mois et demi avant les dates réelles du Palais des Sports, que Simon et Garfunkel viennent à la Porte d'Auteuil. C'est à dire que leur deuxième jour est le premier jour de Daniel au Palais des Sports. Et que la semaine d'après, le dernier jour de Daniel, c'est le premier jour des Rolling Stones.

L. B. : D'accord. C'est un belle semaine. Le choix c'était rock'n roll contre chanson française. Anglo saxons/Français. C'est impeccable.

C. J. : Donc il y a eu un peu de flipperie dans l'air. Faut dire ce qui est. Tout le monde a flippé. Tout le monde a eu peur.

L. B. : Vous avez failli d'ailleurs retirer le projet. Daniel a dit "...c'est pas très sérieux de faire ça...".

C. J. : Ouais. Mais c'est pas resté dans l'air très longtemps l'idée de l'abandon. On a remotivé nos forces, Daniel, Robert et moi. Et on a décidé de le faire contre vents et marées.

L. B. : Ca s'est très bien passé parce que le Palais des Sports a été complet.

C. J. : 97% de remplissage. C'est impeccable. Rien à dire. Le public ravi. Et Daniel se faisant le petit plaisir, et faisant au public le plaisir de jouer "Honky Tonk Woman", le dernier jour, pour ceux qui ne pouvaient aller voir les Rolling Stones parce qu'ils étaient venus au Palais des Sports.



Hommage de Christine Ockrent (Paroles et musique N°18 de mai 1989) :

"... Balavoine, il faut des gens comme ça, avec une fraicheur de mots. Après, tout ça devient le grand cirque médiatique, notre culture étant comme ça. Je préfère les gens qui crient sur l'Erythrée plutôt que sur leur nombril. Balavoine reste un type très à part au niveau sonorité...".

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