Interview 1984

Extraits d'une interview accordée à la journaliste Florence Benzacar pour le journal Télé-Poche, début 1984.

Extraits d'une interview de Daniel Balavoine par Dominique Roger pour le magazine "Chanson 84" (N°7 de Janvier 1984),
magazine supervisé par Jean-Louis Foulquier.




Extraits d'une interview de Daniel Balavoine par Dominique Roger pour le magazine "Chanson 84" (N°7 de Janvier 1984), magazine supervisé par Jean-Louis Foulquier. L'entretien repose sur l'esprit de l'album "Loin des yeux de l'Occident".
(A propos du titre "Supporter")


Dominique Roger: Les cohortes de reproches vont pleuvoir sur un titre aussi bizarroïde que "Supporter"... n'est-ce-pas Daniel ?.

Daniel Balavoine: Avec "Supporter", j'ai eu simplement envie de dire ce qui me plaisait. Pour moi, c'est une chanson sérieuse mais faite non sérieusement. Avec une note humoristique, par le biais du football, j'aborde les liens d'amitiés, d'affection qui peuvent se tisser entre les gens.
Le nouvel album se présente comme une succession d'idées qui m'ont traversé la tête et que j'ai couché sur le papier avant de les enregistrer. Il ne faut donc pas rechercher à tout prix une ligne conductrice, un album concept ou encore moins, un context philosophique. Le titre du L.P., "Loin des yeux de l'occident", traduit simplement mon ouverture sur le monde politique et économique extra-occidentale. C'est donc plutôt une image. Je parle des problèmes des autres, de ceux qui vivent en Argentine, en Afrique ou en Asie. C'est nullement moraliste, c'est juste pour dire, pour dénoncer".

D.R.: Oui, mais ce qui me défrise, c'est le titre, la pochette de l'album qui laisserait supposer une grande unité de ton alors que certains titres, je songe essentiellement aux "Petits lolos" ou à "Série noire", cassent l'unité de l'ensemble ?.

D.B.: Pour ma part, chaque chanson a sa raison d'être, à sa place. Même si certains titres, apparaissent moins fort que d'autres. De toute manière, la ligne commune de l'album, celle qui relie les titres les uns aux autres, c'est l'aspect naturels des textes. Ils ont été conçus avec une extrême rapidité et pas travaillés à l'excès. En gros, j'ai fabriqué un titre par jour, sur une musique déjà enregistrée. Car, c'est plus stimulant de travailler avec le groupe que seul derrière son clavier. J'ai donc imposé une chanson par jour selon un horaire très planifié. Ce sont des textes sans ratures, sur lesquels je n'ai pas tourné en rond des jours et des jours. Je me suis dit, tiens, aujourd'hui j'ai envie de parler de ça ou de ça, à la manière d'un journaliste. Pompeusement, on peut dire que l'album est le reflet de mes états d'âme mais non surveillés, non censurés."

D.R.: Le Balavoine de 83 est-il plus révolté qu'auparavant ? .
Depuis une certaine intervention télévisuelle très percutante dans son fond et dans sa forme, il semblerait que tu désires faire partager au public certains de tes cris viscéraux ?.

D.B.: Pas plus révolté qu'hier. J'ai simplement voulu m'adresser au plus grand nombre pour dénoncer publiquement cette catégorie d'individus qui souhaite une bonne guerre du style "...ça leur fera du bien...". Mes attaques se tournent uniquement contre ces derniers. Seulement, comme le langage employé sous le coup de l'émotion et de l'énervement, n'était guère châtié mais plutôt très familier, on a retenu primordialement que j'emmerdais les anciens combattants. Or, il se trouve que je respecte profondément les hommes qui, un jour ou l'autre, combattirent pour la liberté. Sinon, sur le fond, je ne retire absolument aucun de mes propos. Je méprise tous ceux qui nous proposent comme seul avenir possible, le guerre.

D.R.: Pour en revenir au son de l'album, il est, au contraire de tes textes, travaillé en profondeur. C'est un son très actuel, qui, à l'instar de ce que fait un Lavilliers avec ses musiciens, mélange rythmes primaires des percussions et des sons synthétiques beaucoup plus élaborés. Alors, mode ou pas mode ?.

D.B.: Cette symbiose de sons d'horizons divers résulte de mon évolution de chanteur et de musiciens. Des tas de titres sont entièrement programmés. C'est un tout autre mode de réalisation artistique qui permet un travail plus méticuleux, plus dans la dentelle. De surcroît, à la sortie, le son est plus dynamique et de plus grande qualité.



Retour au début de la page




Extraits d'une interview accordée à la journaliste Florence Benzacar pour le journal Télé-Poche, début 1984. L'article est titré "Daniel Balavoine : Je ne veux pas plaire à tout prix". Daniel évoque Catherine Ferry, le métier de chanteur, la scène, le terrorisme, Biarritz.

Florence Bencazar: En ce moment, vous vous trouvez en Suisse où vous produisez le dernier disque de Catherine Ferry, ce dont vous êtes particulièrement content ?.

Daniel Balavoine: Content, parce que cette fille est née pour chanter. Après sa victoire à l'Eurovision, on l'a laissée tomber. Pendant 6 ans, elle n'a pas travaillé. Alors, il fallait faire quelque chose. Il y a deux ans, on a fait ensemble "Bonjour, Bonjour", qui s'est vendu à 250 000 exemplaires. Maintenant, ce nouveau disque, c'est avant tout pour remercier ceux qui nous ont fait confiance, qui ont cru en elle.

(...)

F.B.: Le plus important pour vous, c'est de faire ce que vous croyez être bien ?.

D.B.: C'est le seul moyen d'être sincère. Je ne crois pas en ce que je fais parce que cela va plaire, j'y crois par rapport à moi, parce que je le voulais ainsi.

(...)

F.B.: Lorsque vous vous produisez sur scène, ce qui compte à vos yeux, c'est le travail que vous accomplissez avec vos musiciens ?.

D.B.: Nous ne travaillons pas pour la salle. Je ne mettrais pas telle ou telle chanson en avant dans le but de plaire. Je ne chante pas devant une salle mais sur une scène. Si, ensuite, le public suit, alors là, je suis comblé.

(...)

F.B.: Vous dites que nous ne vous reverrons pas sur scène avant...septembre 1985. Les seules fois où vous allez prochainement vous produire, ce sera bénévolement pour Amnesty International ou l'Unicef ?.

D.B.: Je veux passer aux actes et aider ainsi ces gens qui font des merveilles. Et si je peux leur faire gagner de l'argent, il n'y a plus à hésiter, c'est trop important.

F.B.: Quels sont vos projets ?.

D.B.: En mai, je reprends l'école de pilotage, pour faire le rallye de l'Atlas avec Bernard Darniche. J'en profiterai pour me perfectionner en vue du prochain Paris-Dakar, mais, cette fois, en tant que pilote. Et puis, en juillet, je partirai avec mes musiciens pour l'Ecosse afin d'y enregistrer mon nouvel album. Mais, là, attention, il y aura une petite différence. Je veux essayer de changer de style de musique, créer un environnement musical différent, plus élaboré, éloigné du groupe classique auquel on est habitué. Comme par exemple, les climats de musique de films. Tout cela avec une résonance de rythmes africains à l'état pur.

F.B.: Samedi prochain, nous vous retrouvons chez Michel Drucker. Que pensez-vous de la télévision ?.

D.B.: Pour moi, la télé, c'est du cinéma, comme le spectacle est du théâtre. Pour que les chansons passent bien à la télé, il faudrait les filmer, comme cela se fait en Amérique ou en Angleterre. S'il n'y a aucun support visuel, alors, pour le chanteur, c'est de la promotion, mais ce n'est pas un métier. Son métier, il le retrouve sur une scène, et c'est là que le théâtre rejoint le spectacle.

(...)

F.B.: A travers vos textes, vous clamez haut et fort, avec rage et poésie, les thèmes qui vous tiennent à coeur ?.

D.B.: A travers mon métier, j'ai le privilège de dire ce que les gens ne peuvent pas dire. Si, dans une salle, il y en a seulement dix qui me suivent, ces dix là me suffisent. Même si une chanson n'est ni une symphonie, ni un poème, c'est un art qui peut faire avancer les choses.

F.B.: Vous avez le projet d'écrire un livre sur le terrorisme et les désespérés. Pourquoi ?.

D.B.: Parce que les terroristes sont des désespérés. Le terrorisme est chez-nous, mais tout le monde ferme les yeux, moi le premier. Regardez l'Afghanistan. Un jour, les Afghans foutront des bombes devant les ambassades soviétiques et, ce jour là, une jeune femme passera dans la rue... C'est là tout le problème...

F.B.: Vous aimeriez faire du cinéma. Quel rôle auriez-vous aimé jouer ?.

D.B.: Bien que cela aurait été impossible, j'avoue que le rôle de Malcom Mac Dowell dans "Orange mécanique" de Stanley Kubrick m'a bien fait rêver...

F.B.: En dehors de vos multiples activités, quelle vie menez-vous ?.

D.B.: Je retrouve ma maison à Biarritz et mes amis. Nous ne parlons jamais du métier. Nous jouons au tennis, au football et allons beaucoup au cinéma. La sensibilité pudique des gens de Biarritz me rassure. Je recharge mes accus, me refais une santé. Je ne pourrais jamais vivre à Paris.

Retour au début de la page

© 1998-2000 Webmaster


Retour au sommaire des articles