Interview 1985



Emission "Cocktail F.M. Magazine"
de Jean-François Bouquet, enregistréeen décembre 1985 et diffusée en janvier 1986 sur F.M. 46.



"C'est encore mieux l'après-midi"
Interview extraite de l'émission qui recevait Daniel Balavoine le 29 novembre 1985.




Interview extraite de l'émission "C'est encore mieux l'après-midi" qui recevait Daniel Balavoine le 29 novembre 1985.

Avant son départ pour le Paris-Dakar, Daniel évoque les raisons de son investissement dans "Action-Ecole".

Christophe Dechavanne: Daniel Balavoine, chanteur ?. Sportif ?.
Daniel Balavoine: Plus peut-être chanteur, quand même, que sportif.

C.D.: Paris-Dakar quand même !.
D.B.: Paris Dakar...oui...du tennis et un peu de golf...

C.D.: Alors ça, c'est pas sportif ?
D.B.: Si, c'est un peu sportif.

C.D.: Paris-Dakar deux fois dont une fois gagné. Enfin...gagné...vous êtes allés jusqu'au bout ?.
D. B. : Oui, une fois pour moi gagné parce que la première fois, c'était un peu galère.
C'était 5 jours et au revoir... La deuxième fois on est allé jusqu'au bout et pour moi, c'est ce que j'appelle gagné.

C.D.: Donc, cette année, vous ne le refaites pas ?.
D.B.: Non, je pense qu'ils vont le faire sans moi, voilà.

C.D.: Une petite larme ?.
D.B.: Euh...aujourd'hui non mais je sais qu'entre les deux années où je l'ai fait, il y a eu une année où je ne l'ai pas fait.
J'ai eu beaucoup de remords. Je ne me pardonnerais jamais d'avoir une fois de plus beaucoup de regrets et après de remords.

C.D.: Moi, j'ai entendu parler de quelque chose.
Je ne sais pas si on doit en parler...que vous partez quand même vers les pays du Sahel, avec des camions, avec des pompes à eaux.
Ca va se faire ?. On ne sait pas encore ?.

D.B.: C'est-à-dire que ça va se faire. Est-ce que j'y serais ou pas, je n'en sais rien.
En tout cas, si ce n'est pas cette fois là, ça sera la suivante.
Mais on va partir en Afrique amener des choses là-bas, dans les pays sahéliens, au Niger, au Mali et en Mauritanie aussi.
Mais, enfin bon, on va pas faire un reportage dessus de suite.

C.D.: Vous êtes très sensibilisé par ces problèmes là avec quelques uns de vos petits camarades ?.

D.B.: C'est-à-dire, il n'y a pas d'héroïsme.
On s'est aperçu...et on aimerait bien que les gens s'en aperçoivent en même temps que nous d'ailleurs, que, finalement, c'est assez facile de s'en occuper.
C'est pas tellement compliqué. Il suffit de le vouloir et c'est pas un gros sacrifice.
Je comprends que les gens soient agacés par les quêtes, les charités, les machins, tout ça...
En plus c'est agaçant pour les gens d'ici et c'est un manque de dignité pour les gens de là-bas.
Mais, par contre, de faire quelque chose, c'est beaucoup plus simple qu'il n'y parait.
Ca serait bien que les gens se motivent. Et dans ce sens là, on fait une opération qui s'appelle "Action Ecole".
Il y a France Gall, Michel Berger, Carole Bouquet, Richard Berry, Gérard Manset. On est une dizaine.
Et là, c'est très différent..
C'est une idée issue d'une opération qui s'appelle "School Aid", qui a été faite en Angleterre et aux Etats-Unis, qui venait elle-même de "Band Aid"... ce fameux concertde Wembley, Bob Gueldorf.
C'est une manière d'aborder le sujet tout à fait différente. C'est ce que l'on appelle maintenant, un peu prétentieusement et pompeusement, le "développement des mentalités".
C'est-à-dire qu'au lieu de s'attaquer à essayer de convaincre les adultes, bien souvent il est trop tard.
Parce qu'on a l'esprit un peu bloqué et on n'est pas facile à modeler. Alors que les enfants sont libres.
Et c'est une opération qui va se faire avec les enfants. Et ce n'est plus présenté sous l'aspect de la charité ou de l'aide.
C'est simplement "... Avez-vous envie d'hériter demain d'un monde comme celui là, c'est-à-dire d'un monde où il y a 15 millions de gens qui meurent de faim par an.
Plus, à peu près, 2 milliards de personnes qui cherchent à quatre pattes de la nourriture.
Si vous ne faites rien, et bien, vous allez hériter de ça. Et vos enfants, c'est ce que vous leur léguerez aussi.
Ca ne pourra aller que de pire en pire...". Il faut essayer de faire comprendre une chose nouvelle, c'est qu'il faut maintenant, tout de suite, dire aux générations les plus jeunes... Parce que trop peu d'hommes politiques n'enparlent pas parce qu'évidemment, ça ne les arrange pas...
c'est que notre survie dépend aussi de la survie des pays du Tiers-Monde.
Parce que si les pays du Tiers-Monde meurent, il n'y aura plus personne pour nous acheter ce qu'on fait.
c'est aussi vulgaire que ça. Donc, ce n'est plus aussi héroïque, plus "...voyez-vous, j'ai du panache, je vais en Afrique..."

C.D.: Si, un peu, quand même ?.
D.B.:C'est beaucoup de lucidité. C'est -à-dire, "...faites attention, si vous ne faîtes rien, il va y avoir un retour de manivelle qui va être beaucoup plus sévère que..."

C.D.:De toute façon, je crois que quelques soient les motivations, ces actions sont d'autant plus positives. Je trouve tout cela très bien etje suis content qu'on en ait parlé. Voilà.

Emission "Cocktail F.M. Magazine" de Jean-François Bouquet, enregistréeen décembre 1985 et diffusée en janvier 1986 sur F.M. 46.




Daniel Balavoine est invité avec Alice Dona. C'est une des dernières interview radio que Daniel ait donné en France avant de partir pour l'Afrique. Il y a "presque tout" dans l'interview, la carrière, le métier, les amis,la vie, la politique et les projets...

Daniel: Salut c'est Daniel Balavoine et vous êtes les bienvenus à monCocktail F.M. Magazine.

Jingle : Portrait.

(on entend le début du chanteur "...J'me présente je m'appelleHenri...")

Interviewer: En fait c'est Daniel.

(La musique enchaîne avec "....Quand on arrive en ville...")

I: Et sa ville à lui, c'est Pau !. Et d'ailleurs le p'tit gars il a eudu pot, il a même fait Science-Po !

(Enchaînement avec le refrain "...Et pourtant il faut vivre ou survivre...")

I: Pour survivre : la chanson. Il chante la vie et ses plaisirs mais aussi la vie et ses réalités.

(Enchaînement avec le refrain de "L'aziza")
I: Poète virulent, personnage attendrissant. Une voix qui monte, quimonte, qui monte, qui monte !!!.
Daniel Balavoine est avec nous, en direct, sur "Cocktail F.M. Magazine".
Salut Daniel Balavoine et bienvenue sur Cocktail F.M. Magazine pour ton Cocktail F.M. Magazine, comme tu nous l'as dit tout à l'heure.
Alors, je m'appelle Daniel, je suis chanteur, je voudrais être aimé.
Dis-moi, mission accomplie ou pas ?.
Daniel Balavoine: J'en sais rien, c'est aux gens qu'il faut demander ça?. Disons que les ventes de disques tendraient à prouver ça, oui.
Enfin, je veux dire, on n'a pas cherché l'unanimité donc il y a des gens qui m'aiment et puis des gens qui ne m'aiment pas.
J'ai un petit penchant pour ceux qui m'aiment plutôt que pour ceux qui ne m'aiment pas, mais ça ne va pas plus loin.

(Plage musicale avec "Le chanteur")

I: On t'a découvert avec "Le chanteur" que l'on vient d'écouter. mais avant tu faisais quoi Daniel ?.
D: Avant "Le chanteur", il y a eu deux albums. Un premier album qui n'apas du tout marché.
Et puis un deuxième qui s'appelait "Les aventures deSimon et Gunther" où il y avait une chanson qui s'appelait "Lady Marlène", qui a été le premier frémissement de ce qui allait se passer plus tard.
C'étaient deux albums solo, donc deux albums que j'ai fait pour moi.
Avant ça, j'habitais Pau où j'avais fait des groupes effectivement.
Puis ensuite j'ai fait un groupe à Paris. Non, en fait, je suis entré dans un groupe qui existait déjà à Paris, qui s'appelait "Présence".
Puis, de par la difficulté de faire des groupes en France à cette époque là, c'est d'ailleurs toujours une difficulté, j'ai préféré, au lieu de le faire de manière officielle, faire des groupes officieux, c'est à dire être sous mon nom mais travailler avec une équipe de musiciens.

(Pause musicale).

(Intro "Les uns contre les autres")

I: Alors après, Daniel, il y a eu "Starmania" et un petit duo avecFrance Gall ?
D: M'oui... Il y a eu "Starmania", oui. Il y a eu un grand duo avec France Gall (rires).
C'est la même année que le chanteur, en fait, puisque les deux albums sont sortis le même jour, de la même année.
Ca a été l'année du "début".
C'est à dire que le tout cumulé, entre "Le chanteur" et "Lucie" sur mon album et puis "Quand on arrive en ville" et "Banlieue Nord" sur "Starmania", ça fait une première grosse année, c'est sûr.

(pause musicale "Quand on n'a plus rien à perdre)

I: "Quand on n'a plus rien à perdre", ton duo avec France Gall. Alors, qui dit France Gall, bien sûr, dit Michel Berger. Il a parlé des chanteurs français, il y a peu de temps. Il y a même eu une polémique à ce sujet. T'es au courant Daniel ?
D: Non, je ne suis pas au courant des polémiques, moi. Je suis au courant de ce que fais Michel Berger, et c'est bien.
Je crois que de toute façon, effectivement, il y a en ce moment une certaine tension entre certains artistes. Je crois qu'il y a des artistes qui supportent assez mal qu'on ne les aime pas et ils ont tort.
Ils ont suffisamment de public et de gens pour les aimer. Ils n'ont pas besoin de Michel Berger,de moi ou d'un autre.
Ce n'est pas parce qu'on n'aime pas ce que font certains artistes, qu'on les méprise. On dit qu'on ne fait pas la même chose, et c'est tout.
Il y a des gens qui ont des ambitions musicales et des choix musicaux différents. Ce n'est pas pour ça que les uns sont plus forts ou moins forts que les autres. C'est différent et on a le droit de revendiquer une différence.
Je pense à des gens comme Michel Berger, Charlélie Couture, Cabrel, ou dans des genres différents,Bashung, Etienne Daho, et combien d'autres encore, il y en a plein. Téléphone qui est peut être plus proche du rock traditionnel, de ce que l'on appelle le "rock" de manière un peu étriquée.
Je crois que l'on fait de la "rock musique" française, de la vraie "rock musique" française, c'est à dire une musique qui cherche ses sources dans le rock'n roll, en tout cas dans cette énergie là. C'est à dire des rythmiques puissantes et costauds.
Peut être, avec une richesse d'harmonies et une recherche de son un peu plus sophistiquée.
Il y a des gens qui font ce que l'on appelle de la variété "pure", qui ne sont pas pas méprisables pour autant. Que ce soit Sardou, Michèle Torr ou Lama ou dans des plus jeunes, Jean-Luc Lahaye ou des gens comme ça.

I: Daniel, je te propose d'ouvrir une petite parenthèse, et de retrouver Jean-Luc Lahaye, il y a quelques temps, dans "Cocktail F.M.Magazine". Il nous parlait de ta rencontre avec toi, à l'Ile de La Réunion.
Jean-Luc Lahaye: J'ai rencontré Daniel Balavoine que je ne connaissais pas et qui était là-bas aussi en vacances. Et puis on a sympathisé, on est devenu acolytes et puis on a parlé. Il a écouté mes chansons sur Walkman. Ma femme lui a foutu le Walkman sur la tête. Pendant des heures il s'est rendu compte qu'il y avait autre chose que des chansons genre "Danone". Et puis, et puis, nous avons discuté de tout ça, de choses etd'autres. Et puis, lui étant papa d'un petit garçon et moi d'une petite fille, on a fait deux fiancés.

(Jingle puis pause musicale "L'aziza").

I: Ton dernier 45 tours, c'est "L'aziza" que l'on vient d'écouter. Alors, dis nous tout, tout, tout, tout sur "L'aziza".
D: C'est amusant, on ne me l'avait jamais celle-là. "L'aziza", tout est dit dedans. C'est une chanson qui va en même temps dans le sens du vent.
C'est à dire le problème qu'il y a en France avec l'immigration et les races, problèmes de mélanges et d'échanges de cultures. Mais, elle va dans le sens du vent, mais d'une manière un peu contraire. Ce qui est très mode, c'est de dire je n'aime pas les racistes.
La chanson ne dit pas ça. La chanson dit "...j'aime les autres races...". C'est une chanson d'amour pour une fille qui est née en Afrique du Nord. Point.
On en déduit ce qu'on en veut. Je raconte, en même temps, les problèmes qu'elle a quand elle vient s'installer dans notre pays. Mais je lui dis de ne pas en tenir compte, qu'elle ne porte pas ça comme les juifs portaient une étoile jaune pendant la guerre. Il ne faut pas en faire une maladie parce que ces gens là ont droit de cité. Il faut qu'ils revendiquent ce droit de cité qu'ils ont dans une partie des lois qui, en fait, ne sont pas respectées.
C'est une chanson dans ce sens là. Ce n'est pas une chanson contre Le Pen mais c'est une chanson pour les arabes.

I: La politique et la chanson, ça ne se mélange pas pour toi ?.
D: Ce n'est pas que ça ne se mélange pas mais Le Pen ce n'est pas de la politique.

(Pause musicale)

I: Daniel, quelles sont les prochaines scènes où on te verra ?.
D: C'est au mois de septembre, le 18, au Palais des Sports de Paris, pendant 15 jours. Et puis après ça sera une quarantaine ou une cinquantaine de villes en France jusqu'à Noël.

I: Et tes hobbies quand tu ne fais pas de musique ?.
D: Je fais de la musique. Je participe à des choses comme un truc qui s'appelle "Action école" qui va commencer le 3 janvier, qui a été fait aux Etats-Unis et en Angleterre par "Band Aid". C'est une opération pour lutter contre la faim en Afrique. Ca va être fait avec les enfants, les adolescents, les mômes, les lycéens. C'est une opération dont toutes les F.M. vont entendre parler d'ailleurs.
Je ne suis pas tout seul dedans. Il y a Michel Berger, France Gall, Richard Berry, Christine Ockrent.
Je fais ça. Sinon, je lis, je vais au cinéma, je vis normalement. je fais un peu de sport. Je vais jouer au tennis ou je vais jouer au golf. Je regarde la télé. J'écris. Je fais tout ça. J'ai une vie.

(Chanson "Je suis bien").

I: "Je suis bien". "...Je suis bien les deux pieds dans le même sabot". En parlant de "sabot", qu'est-ce-que tu penses du nouvel uniforme de la police ?.
D: (Rires). De toute façon ce qui compte, ce ne sont pas les uniformes mais ce qu'il y a dedans et ce que ça cache. Je ne pense pas que les uniformes aient changés grand-chose.

I: Est-ce que tu regardes les débats politiques à la télévision ?.
D: Je ne savais pas qu'il y avait des débats politiques à la télévision. Pour moi, il n'y a pas de débats politiques à la télévision.Il n'y a que des shows inintéressants, vides de toute substance. Il y a des émissions politiques à la télévision qui ne sont pas les débats dont tu parles. Ce sont des magazines. Il y a le magazine "Infovision","Les vendredis d'F.R.3". Il y a un magazine qui s'appelle d'ailleurs "Le Magazine" sur la 2ème chaîne. C'est ça la politique, c'est la vie. Il ne peut y avoir de vrais débats qu'entre gens qui sont, quelque part,désintéressés.

(Jingle et pause musicale).

I: Alors, Daniel, tu vas aller faire un petit tour du côté de l'Angleterre, parait-il ?.
D: Pas "...parait-il ?...", c'est vrai. Je vais, à partir du mois de février, partager mon temps de vie entre l'Angleterre et la France.
En fait, il y a les musiciens avec qui j'ai fait un groupe, deux anglais et un américain. Je suis minoritaire. Ce sera un groupe d'expression anglo-saxonne. Comme il est possible que je chante dans ce groupe, bien qu'il y ait deux autres personnes qui chantent, j'ai intérêt à posséder la langue. Ce n'est pas un produit qui sera fait pour la France.
Le travail musical de préparation sera en partie fait en France, puisque les musiciens vont venir ici pour qu'on bosse pendant deux mois, pour préparer des titres, pour enregistrer un simple. Mais ce simple sera enregistré en Angleterre, produit par des anglo-saxons. Il sortira en Angleterre mais n'arrivera un jour en France que si le groupe marche. Ca ne va pas m'empêcher de continuer à faire mes albums en français. Parce que j'aime ça. Parce que j'aime la langue française. Il y a une partie de la musique que je fais, que je n'aime pas partager, que j'ai envie de faire pour mon compte.

I: Et il s'appelle comment ce groupe ?.
D: Je ne sais pas encore. Il y a plusieurs noms qui sont pressentis. On n'a pas encore choisi.

I: Merci Daniel. A bientôt sur "Cocktail F.M. Magazine".



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