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4 ème partie



D.L. : Voilà. Vous avez oublié de dire à Monsieur Tavernier que vous aimeriez faire du cinéma.

D.B. : Il a dû s'en douter un peu.

D.L. : Il y a une forte envie chez vous...

D.B. : Ben, c'est à dire...allez, on croise encore les bras...

D.L. : Oui. Je croise encore les bras. On est à l'école.

D.B. : C'est-à-dire que j'ai fait une toute petite expérience de cinéma, minuscule, dans un film des frères Jolivet. Et puis une petite fois à la télé aussi.
Ce qu'il y a de fascinant là-dedans, c'est d'être entrain de discuter par exemple là. Et puis tout d'un coup, par exemple, on m'appelle et c'est à moi de tourner. En une fraction de seconde, on devient n'importe qui d'autre, si on sait le faire, bien entendu. Ca ne veut pas dire que je saurais le faire. Alors pour d'abord savoir si je saurai le faire un jour, en l'année 83, j'apprendrai à jouer la comédie.

D.L. : C'est programmé ?.

D.B. : Oui, c'est programmé. Je prendrai des cours d'Art Dramatique pendant un an au moins. Si ça apporte quelque chose et si on décèle une possibilité d'un tout petit talent, à ce moment là, j'essaierai de faire du cinéma pour ça.
C'est un des plus beau fantasme qui soit de pouvoir, je le dis carrément, de tuer, de faire des attentats, ou de...

D.L. : Oulala !!!. Vite Docteur Freud parce que j'ai l'impression...

D.B. : Non, non, non. Je dis que c'est une chose que l'on peut réaliser bêtement, comme ça, en deux secondes...

D.L. : Ce n'est pas ça faire l'acteur, spécialement. Ce n'est pas assouvir ses fantasmes.

D.B. : Ah, écoutez, regardez Depardieu. Si ce n'est pas ça pour lui, je ne sais pour qui ça l'est. Depardieu a fait des rôles suffisamment... Je lui souhaite de ne pas être exactement comme il est dans chaque film qu'il a joué. C'est un fantasme mais pas comme un fantasme de la nuit.
Je parle de choses que l'on ressent quand en une fraction de seconde, lorsque l'on ouvre le journal, on voit une certaine chose, on se dit "...ce mec là, si je pouvait lui faire du mal, je lui ferais du mal...". Et puis ça passe.

D.L. : Donc, Balavoine va apprendre la comédie ?.

D.B. : D'abord, je vais essayer de savoir si je peux la jouer.
Et si je peux la jouer, j'apprendrais à mieux la jouer.

D.L. : Quitte à changer de métier ?. A laisser la chanson un moment ?.
Faire du cinéma et pourquoi pas un jour du théâtre ?.

D.B. : Le théâtre c'est peut-être plus fondamental et impressionnant. C'est peut-être pour ça que je parle plus facilement du cinéma.
Le théâtre c'est, je crois, ce qu'il peut y avoir de plus beau dans l'interprétation. Lorsqu'on doit interpréter quelque chose.
Jouer tout un monde en deux heures, ça doit être assez fascinant et assez impressionnant. Avec des gens qui réagissent immédiatement. C'est la perfection opposée à la perfection de la littérature et du livre.

D.L. : Daniel Balavoine, il y a une séquence dans cette émission qui s'appelle "Le Panthéon". Dans "Le Panthéon", généralement, on demande à nos invités du jeudi, de nous dire qui, dans l'histoire ou dans ceux d'un passé plus récent, ont compté pour eux, personnellement.
Et j'ai l'impression que c'est ou le trop plein ou le grand vide.

D.B. : Oui. J'ai tendance à dire...(il chante) :

- Mon Panthéon est décousu...

D.L. : Qu'est-ce que vous diriez ?.
Que votre Panthéon à vous c'est Mitterrand arrivant au Panthéon ?.

D.B. : Cela dit, pour la visite touristique, on a eu un des meilleurs guides. Parce que c'est vrai que sans lui, je ne l'aurais jamais vu.
Je ne suis pas sûr que je serais plus malade maintenant si je ne l'avais pas vu. Mais enfin, disons que c'est grâce à lui que je l'ai vu.

D.L. : Est-ce qu'il y a des gens qui ont comptés pour vous, qui vous ont apportés des choses ?. Des maîtres.

D.B. : Spécifiquement, non. Des maîtres, non. Ca paraît odieusement prétentieux.
Je crois que c'est le monde entier. C'est, ou personne, ou tout le monde, c'est ce que vous disiez au début. J'aurais plutôt tendance à dire tout le monde.
Ca passe de Soldjenystine, Kafka, Rimbaud, Verlaine, les Beatles, les Stones, je ne sais pas. Je n'en sais rien. C'est le monde entier qui est maître.

D.L. : Vous ne voulez pas vous accrocher à quelqu'un ?.

D.B. : Ben non. D'abord parce que je trouve qu'ils ne valent pas beaucoup plus chers que moi dans l'ensemble.
On a à peu près tous le même destin. Il y a des gens qui confondent le destin et la vie.
On a tous le même destin qui est quand même de mourir. Il ne faut pas se cacher ça.
Et, entre temps, il se passe des choses différentes pour les uns et pour les autres. Mais ça ne veut pas dire que l'on soit différents. Il se passe autour de soi... Il y a une conjoncture qui fait que pendant un temps on est différents.
Mais dans le sapin, dans les quatre planches, on est pareils. Alors, il n'y a pas de raison que je me raccroche à un mort plus qu'à un autre mort en puissance.

D.L. : Les Beatles, alors quand même, ce sont des gens que vous aimez bien ?.

D.B. : Les Beatles, c'est de l'affection. C'est comme le reste. Ca fait partie de la vie. Ce n'est pas une branche qui risque de casser. Les Beatles, c'est la vie.
C'est un bout de ma vie, comme le sera, on en parlera tout à l'heure, Jean Botherel ou d'autres gens comme ça. Voilà, c'est tout.

D.L. : Alors, on regarde un petit bout d'une chanson de Paul Mc Cartney, ce qui nous permettra de retrouver l'un des vos copains, qui s'appelle Michel Berger, qui est un ami même. Mc Cartney, l'un des Beatles.

D.B. : Pas Michel Berger. Mais enfin, il aurait pu.

(Extrait clip Mc Cartney)

D.B. : Parfait. C'est beau !!.

D.L. : On reste dans le spectacle, puisque vous nous avez parlé du théâtre, du cinéma. On va vous retrouver, et ça c'est assez amusant, dans une sorte de petite saynète faite pour l'émission tournée à Cabourg, par Jean-Noël Roy.
C'est amusant d'abord parce qu'il y a la moto, on en parlait tout à l'heure.
Et puis, je crois que c'est tout à fait votre personnage comme on l'imagine, dans la légende Balavoine. Carrément.

D.B. : Je ne le savais pas mais c'était rigolo à faire en tout cas, ça c'est sûr.
C'est ça que j'appelle fantasme d'ailleurs. Mais du fantasme moins grave.

D.L. : C'est vrai ?.

(Le sujet ne démarre pas).

D.B. : Ah ?.

D.L. : On va regarder cette séquence.

D.B. : Allo, Georges Leclerc ?. Nous avons des problèmes de liaison !!.

D.L. : Non, ne faites pas repartir la navette.

D.B. : Je suis, dans ce cadre là, un jeune père de famille, divorcé, séparé...si on arrive à avoir la séquence... Voilà.

(Extrait).

"...(Une jeune fille énervée se fâche avec des copains, Daniel l'interpelle)...
Daniel : On se calme. Tu veux que je te raccompagne ?.
La jeune fille : Non, je préfère marcher.
Daniel : Tu préfères marcher. C'est nouveau. Qu'est-ce qu'elle a ma moto ?.
Elle sent le gaz ou quoi ?. La jeune fille : Non, c'est pas ça, mais tu n'as pas de casque.
Daniel : Je n'ai pas de casque et ça, c'est quoi ?. C'est un vélo ça ?.
La jeune fille : C'est très très drôle !!.
Daniel : Ca ne t'amuse pas ça ?.
La jeune fille : Non !!!.
Daniel : Moi, je trouve ça marrant. Je trouve ça plutôt rigolo.
La jeune fille : Ah bon ?.
Daniel : Toi, ce qui t'amuse, c'est remuer les fesses, les chanteurs et toutes les conneries.
La jeune fille : Ouais, c'est ça.
Daniel : Pendant que moi je nourris mon gosse.
Tu sais, il n'y a pas besoin d'être chanteur pour nourrir son gosse.
La jeune fille : Je m'en fous de ton gosse.
Daniel : Cette gonzesse m'énerve. Je ne l'ai jamais dit que tu m'énervais ?.
La jeune fille : Non.
Daniel : Bon alors barre-toi je te dis maintenant.
La jeune fille : Je me barre.
Daniel : Avec tes chanteurs, tes conneries et la...(il siffle)...groupie du pianiste.
Michel Berger. Allez, bonsoir. La jeune fille : Bonsoir.
Daniel : Bonjour à ta mère. On aura tout vu.
(Il démarre sa moto). "

Retour plateau.

D.L. : Vous aimez cette image de vous ?.

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