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C'est en avril 1977 que sort le deuxième album de Daniel Balavoine "Les aventures de Simon et Gunther" , 33 tours entièrement consacré au Mur de Berlin. L'idée en est venue à Daniel au cours d'un voyage de quatre jours effectué en Pologne en 1976. Dans une interview accordée au journal Les Nouvelles Littéraires, il raconte: "Sur les plateaux de la télévision, j'ai d'abord rencontré un chanteur dont le rêve était d'aller chanter à Paris, à l'Olympia, mais qui ne le pouvais pas... Puis dans la ville, j'ai constaté de drôles de choses. Dans mon hôtel, j'ai vu des gens qui vendaient clandestinement des revues pornos. Dans les grands magasins, j'ai vu des rayons avec mille fois la même paire de gants ou le même imperméable... ça m'a remué le coeur, je me sentais mal, j'ai eu envie de gueuler. Ce disque est né de là ".
Il raconte l'histoire de deux frères, Simon et Gunther Stein, que le Mur a séparé et qui échangent une correspondance. Pour la réalisation de cet album, Daniel a obtenu de sa maison de disques la liberté totale dans le choix des musiciens. Autour de lui, on trouve déjà les futurs membres du groupe Clin d'Oeil. "Je ne veux plus d'arrangeur, dit-il alors. Les musiciens participent aux arrangements dans la mesure où nous sommes en dialogue constant. Ils peuvent même co-signer certains titres avec moi... On fait un travail d'équipe. Chaque musicien a son instrument". On retrouvera cette démarche dans tous les albums suivants.




"Les Aventures de simon et Gunther" ne constituent pas un gros succès commercial. Une chanson toutefois permet à Daniel de connaître un début de notoriété: "Lady Marlène" qui sera éditée en 45 tours. Dans "Ma musique et mon patois" Daniel s'élève déjà contre l'idée que les anglo-saxons sont les seuls à pouvoir faire des concepts-albums et de la musique rock. Pendant des années, il se battra pour faire admettre au public et aux journalistes de la presse spécialisée qu'on peut faire de la rock music en France sur des textes français. "On donne le meilleur de nous-même, on fait une musique volontaire, qui n'est pas une simple copie conforme des vieilles traditions françaises... Mon ambition est de faire reconnaître une excellente musique rock française où les mots sont au service de la musique".



Mais revenons en 1977. Cette année-là, Daniel participe comme choriste à l'album d'Alain Bashung "Roman photos" en compagnie de Dany Darras, ancien membre de Présence.
Puis il rencontre Michel Berger, qui depuis 1976 travaille avec Luc Plamondon sur le spectacle musical "Starmania" pochette du 33 tours. Michel Berger offre à Daniel le rôle de Johnny Rockfort, chef d'une bande de loubards de la banlieue Nord. Le double album paraît en avril 1978.
Les radios en diffusent chaque jour des extraits, chantés par Daniel Balavoine ("Quand on arrive en ville"), Fabienne Thibeault ("Les uns contre les autres") ou Diane Dufresne ("Les adieux d'un sex-symbols"). Mais sur l'album ne figure qu'une partie de la musique de "starmania".
La version intégrale sera montée sur scène en 1979 (du 10 avril au 3 mai au Palais des Congrès de Paris et le 29 juin au Stade Olympique de Montréal). Les rôles principaux sont tenus par les mêmes artistes que sur le disque. Le spectacle est mis en scène par Tom O'Horgan metteur en scène de "Hair" et de "Jésus Christ super star" aux USA. Les costumes éblouissants sont réalisés par Randy Barcelo. 100 000 spectateurs verront "Starmania" à Paris. Un quadruple album live sera tiré du spectacle. Dans ce coffret, on peut notamment trouver "S.O.S d'un terrien en détresse" chanson composée spécialement pour la voix de Daniel et dans laquelle celui-ci effectue une prouesse vocale remarquable. A tel point que lorsqu'on montrera "Starmania" au Canada, il faudra en changer la mélodie pour que l'artiste québécois qui jouera le rôle de Johnny Rockfort puisse l'interpréter.


Parallélement au succès de "Starmania", Daniel publie en 1978 la 45 tours: "Le français est une langue qui résonne" / "Je suis bien". Puis, c'est l'album "Le chanteur" à propos duquel Daniel avait dit: "Si je n'en vends pas 30 000 exemplaires, je m'arrête". La suite, on la cannait... Intérrogé sur la façon dont il conçoit ce nouveau LP Daniel explique: "C'est l'aboutissement de mes deux premiers. Je me situe moi-même comme un musicien-chanteur, et actuellement je suis dans un groupe... qui participe à la création, uni et techniquement au point. Je crois que les parties vocales et instrumentales sont équilibrées. Andy Scott m'aide beaucoup. Il a fait un travail de recherche de micro impressionnant, pour la prise de voix notamment ". Andy Scott, l'ingénieur du son, l'ami. C'est lui "L'oiseaux de nuit" dont parle Daniel dans un des titres de son album. Andy Scott qui était déjà présent à l'époque de la collaboration avec Patrick Juvet. Andy Scott qui sera là pour tous les albums de Daniel. Deux titres extraits de ce troisième album feront gravir à Daniel les marches du succès. "Le chanteur" bien sûr, et "Lucie". Sur la face B de ce 45 tours, on retrouve "S.O.S d'un terrien en détresse" extrait de l'enregistrement public de "Starmania".

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